Face à l’évolution des modes de vie et à la recherche constante d’optimisation de l’espace, une nouvelle tendance résidentielle émerge : les espaces partagés. Ce concept innovant séduit de plus en plus d’investisseurs et d’habitants, qui y voient une solution adaptée aux enjeux actuels tels que la densification urbaine, la mobilité ou encore le bien-être au quotidien. Décryptage de cette révolution immobilière.
Qu’est-ce qu’un espace partagé ?
Un espace partagé est un lieu de vie conçu pour être utilisé collectivement par plusieurs personnes ou familles. Il peut s’agir d’une maison, d’un appartement, ou encore d’un immeuble entier. Les espaces communs (cuisine, salon, salle de bains, etc.) sont mutualisés et accessibles à tous les habitants. Chacun dispose également d’un espace privé pour préserver son intimité.
Cette approche se base sur la notion de cohousing, un mouvement né dans les années 1960 au Danemark et qui s’est depuis développé dans plusieurs pays européens et nord-américains. Le principe est simple : mettre en commun certains espaces et équipements pour favoriser les échanges entre les habitants, tout en respectant l’autonomie et le rythme de chacun.
Les avantages des espaces partagés
Les espaces partagés présentent de nombreux atouts pour les habitants, les investisseurs et la collectivité. Tout d’abord, ils permettent de réduire les coûts liés à l’achat ou la location d’un logement, ainsi qu’à son entretien et à sa gestion. En effet, les dépenses sont mutualisées entre les occupants, ce qui permet de réaliser des économies significatives.
Ensuite, ces lieux favorisent la solidarité et le vivre-ensemble, en incitant les habitants à s’entraider et à partager des moments conviviaux. Ils contribuent également à lutter contre l’isolement, particulièrement chez les personnes âgées ou seules. Selon une étude réalisée par le think tank Terra Nova en 2017, 10% des Français vivent seuls et 80% d’entre eux souhaiteraient avoir plus d’échanges avec leurs voisins.
Enfin, les espaces partagés participent à la sobriété énergétique et au développement durable, en optimisant l’utilisation des ressources (eau, énergie) et en limitant la production de déchets. Ils encouragent également l’économie circulaire et locale, par exemple en organisant des jardins partagés ou des ateliers de réparation.
Les défis à relever pour développer les espaces partagés
Même si la tendance est prometteuse, plusieurs obstacles subsistent pour généraliser cette nouvelle forme d’habitat. Tout d’abord, il est essentiel de convaincre les acteurs du marché immobilier (promoteurs, bailleurs sociaux, etc.) de l’intérêt et de la rentabilité des espaces partagés. Cela nécessite de repenser les modèles économiques et les modes de financement, ainsi que d’adapter les réglementations en vigueur.
Par ailleurs, il est important de sensibiliser le grand public à cette alternative résidentielle, en mettant en avant ses bénéfices et en déconstruisant certaines idées reçues (manque d’intimité, difficultés de cohabitation). Des campagnes d’information et des initiatives locales peuvent contribuer à changer les mentalités et à favoriser l’acceptation sociale.
Enfin, la réussite des espaces partagés passe par la formation des professionnels à cette nouvelle approche. Architectes, urbanistes ou encore gestionnaires immobiliers doivent apprendre à concevoir et à gérer ces lieux de vie spécifiques, en tenant compte des besoins et des attentes des futurs occupants.
Des exemples inspirants en France et à l’étranger
Plusieurs projets d’espaces partagés ont déjà vu le jour dans différentes villes françaises, comme la résidence Le Trèfle à Bordeaux ou la Maison des Babayagas à Montreuil. Ces expériences pionnières ont permis de démontrer la viabilité et l’attractivité du concept auprès d’un public varié (étudiants, familles, seniors).
À l’international, de nombreux exemples témoignent également du succès de cette tendance résidentielle. Aux États-Unis, la startup Common propose des appartements en colocation avec des espaces communs design et fonctionnels. En Allemagne, le projet R50 à Berlin réunit plusieurs familles autour d’un jardin et de terrasses partagées. Au Danemark, la communauté Sættedammen, créée en 1972, est considérée comme le premier exemple de cohousing réussi.
Ainsi, les espaces partagés constituent une réponse innovante et adaptée aux enjeux contemporains de l’habitat. Si certains défis restent à relever pour assurer leur développement à grande échelle, ils offrent déjà une alternative prometteuse pour repenser nos modes de vie et construire les villes de demain.